La "Communale" à Cassagnes

Les trois écoles

Article paru en 2001 dans le bulletin de l'association "Cassagnes d'hier et d'Aujourd'hui",
illustré et complété de photos et informations complémentaires.

 

Les débuts de l’instruction publique dans notre département.

 

C’est en 1833, sous Louis Philippe, que la loi Guizot va établir une série d’articles afin de réorganiser l’instruction publique en France. Parmi ces articles, l’un oblige dorénavant les municipalités à entretenir une école et à organiser le logement et le paiement des instituteurs. Ces derniers seront donc rémunérés par la commune mais également par les parents d’élèves au moyen d’une rétribution fixée par la loi.
Dès 1834, une école normale est créée à Perpignan afin d’assurer la formation des instituteurs.

 

Dans les Pyrénées-Orientales, 72 communes ne possèdent pas d’école quand débute l’application de la loi. Afin d’être conformes avec celle ci, de nouvelles écoles vont faire rapidement leur apparition dans tout le département.

 

La première école de Cassagnes.

 

En 1835, Cassagnes faisait partie des communes dépourvues d’école.
Un premier devis avec plan d’ensemble daté du 6 mai 1839 est envoyé par l’architecte du département, le chevalier De Basterot, pour la construction d’une Maison d’Ecole à Cassagnes. La commune étant également dépourvue de «maison commune», le nouveau bâtiment abritera aussi la Mairie.
La construction de la Maison d’Ecole est adjugée au sieur Joseph Quinta, maçon à Ille, le 16 février 1845.

 

En octobre 1847, le bâtiment est déjà achevé. Mais au fait, où était-il donc situé ?

Une rapide petite enquête nous a permis de déterminer que cet emplacement était celui où se trouve aujourd’hui l’Auberge des Capitelles. En effet, un premier indice trouvé dans les archives évoquait les ouvertures du côté de la place publique et, peu après l’achèvement du bâtiment en 1847, un second indice nous indiquait qu’une partie du local de l’instituteur avait été convertie en presbytère. Sachant, de source sure, que le presbytère se trouvait effectivement à l’angle de la place et de la rue qui montait à l’église, que par la suite il fut vendu et transformé d’abord en café vers la fin des années 30, puis en auberge en 1992, l’emplacement de la première Mairie-Ecole  était confirmé.
L’entrée du bâtiment donnait alors dans la rue de l’église, étant actuellement remplacée par une fenêtre.

 

Plan de la première école effectué d’après le devis établi le 6 mai 1839.

A noter que sur le plan, il n'est pas fait référence au presbytère.
Comme indiqué dans le paragraphe précédent, la séparation des deux coprs de logement, l'un pour l'instituteur, l'autre pour le presbytère a été effectuée en 1847, soit 8 ans après la confection de ce plan.

 

En 1867, après seulement vingt ans d’existence, le bâtiment servant de Maison d’Ecole, de Mairie et de Presbytère ne convient plus du tout. Un vote de principe pour la construction d’un nouveau bâtiment communal regroupant l’Ecole et la Mairie est adopté, seul le Presbytère devant rester dans l’ancien immeuble.

 

La deuxième école.

 

Un premier devis daté du 20 septembre 1867 est envoyé par l’architecte du département.
Le conseil approuve les travaux à exécuter qui s’élèvent à 6337 francs, puis vote l’acquisition du terrain sur lequel doit être bâti le bâtiment communal évalué à 500 francs et appartenant aux époux Hilaire Palmade et Anne Vézian. La parcelle est située dans la dite commune de Cassagnes au lieu dit "Le village" et figure sur le plan cadastral sous le N° A175 pour une contenance de 4a60c. L’entrepreneur chargé de la construction est Ferréol Dabat, maître maçon à Cassagnes.
L’ensemble du bâtiment est achevé pour la fin de l’année 1871.
Ce nouvel emplacement est plus connu que le précédent. Il s’agit du bâtiment qui aujourd’hui accueille la Mairie, la Poste, la Salle des Fêtes et un local pour la Bibliothèque et les Associations.

 

La disposition initiale des locaux diffère quelque peu de ce que l’on pourrait imaginer.
A l’origine, au rez-de-chaussée, la salle de classe et la Mairie étaient contiguës, séparées par une simple cloison. La passerelle n’existait pas et c’est par un simple escalier que l’on se rendait d’une part à l’école et d’autre part à la Mairie depuis la route. L’accès à l’étage s’effectuait par un escalier le long de la façade est, c’est-à-dire à partir du petit parc actuel, qui, à l’époque abritait un abreuvoir pour les chevaux, avec sa pompe à godets, et un jardin affecté à l’instituteur.

 

L'école communale était située au rez de chaussée de ce bâtiment de 1871 à 1912

 

La troisième et dernière école.

 

Après la mise en application de la législation scolaire élaborée par Jules Ferry, en 1880 : obligation, gratuité et laïcité de l’enseignement primaire, le nombre d’enfants scolarisés s’accrut d’année en année. Par ailleurs, le nombre d’habitants atteignant son apogée avec 433 personnes recensées en 1906, la salle de classe devint trop petite en 1909 pour accueillir les 50 élèves de Cassagnes ! ! !.
Un projet de construction d’une nouvelle Ecole est alors envisagé sur l’emplacement de l’ancien cimetière, désaffecté depuis plus de 10 ans. C’est le bâtiment que nous connaissons aujourd’hui.
Par décision du 21 avril 1911, monsieur le préfet approuve le projet de construction d’une école mixte et celle-ci sera ouverte dans le courant de l’hiver 1912-1913.
L’Ecole fut fermée une première fois en juin 1980. Les enfants allèrent à Bélesta ou à Latour jusqu’à sa réouverture, en septembre 1982.
En juin 1990, l’institutrice en poste prend sa retraite et l’Ecole est fermée pour la deuxième et dernière fois.
Gageons que peut-être un jour, le besoin aidant, résonnera à nouveau dans la cour de l’Ecole, ce bruit familier et réconfortant d’enfants jouant dans une cour de récréation.

Philippe Hurtebize

 

L'école communale, telle qu'elle était en 2001