Rallye du Fenouillèdes 2003
Interview exclusive de Richard Génesca

 

Richard Génesca : « On ne peut pas dire que remporter le Fenouillèdes est une chose facile ».
Interview exclusive de
Richard Génesca à quelques jours du départ de la 21ème édition du rallye du Fenouillèdes.

Le pilote Pianenc, 2e de la coupe de France des rallyes et vainqueur de la précédente édition du rallye du Fenouillèdes, nous renseigne sur les éléments qui font le charme de cette épreuve.

On entend dire que vous avez allez vous présenter au départ du rallye avec une Toyota Corolla WRC ou bien une Subaru WRC. Est-ce vrai ?
J’aimerais bien mais malheureusement les bruits qui courent ne me paieront pas la Corolla. Il est vrai que j’aurais pu avoir un partenariat avec le pilote Grassois Dominique De Meyer. Mais comme il n’a pas acheté de Corolla et que je n’ai pas vendu ma Célica, je n’ai rien de nouveau à vous annoncer. Je n’ai pas les moyens de mettre 180 000 euros dans une Corolla WRC. Je vais me contenter pour l’instant de ma Toyota Célica au volant de laquelle j’éprouve beaucoup de plaisir et qui m’a permis de remporter de nombreuses courses.

 

Quel est votre objectif pour la 21e édition du rallye du Fenouillèdes ?
Je vais essayer de remporter cette épreuve pour la 2e fois consécutive.

 

La victoire vous semble t-elle encore facilement à votre portée cette année ?
Facilement, ce n’est pas le terme approprié surtout quand on connaît les aléas qui peuvent intervenir lors du déroulement d’un rallye. Je crois que l’on ne peut pas dire que remporter le Fenouillèdes est une chose facile.

 

Qu’est-ce qui fait le charme du rallye du Fenouillèdes pour vous qui courez partout en France ?
Il est rare de nos jours de trouver une spéciale longue de 24 kms et aussi variée que Cassagnes-Pézilla de Conflent. Elle permet à toutes les cylindrées de s’exprimer.

Il y a aussi deux spéciales de nuit, ce qui n’est pas commun non plus. La nuit c’est une autre dimension. C’est un peu surréaliste. On a l’impression d’être dans une autre discipline. Evidemment pour bien rouler de nuit, il faut une bonne vue, d’excellentes notes et une confiance extrême dans son copilote.

 

Quel est votre souvenir le plus marquant en 18 participations ?
J’en retiendrai deux. En 1992, quand en compagnie de Gilles Touzet, nous avons fait troisième avec notre petite Honda Civic groupe N. Evidemment la victoire de l’an dernier avec Christophe Verges. Cela faisait un an qu’il avait arrêté de me co-piloter mais il avait quand même accepté de remplacer Florent Sompayrac, retenu par ses obligations professionnelles. Après toutes ces années passées ensemble, lui offrir le premier scratch de sa carrière pour ce qui était certainement sa dernière course a été pour moi la meilleure manière de le remercier.

 

Les spéciales du Fenouillèdes ne manquent pas d’endroits à sensations. Quels sont ceux que vous affectionnez le plus et quels conseils donneriez vous au public ?
Le virage à gauche au bout de la ligne droite 500 m après Montalba le Château est certainement l’endroit qui m’impressionne le plus. On accroche presque les 200 km/h au bout de la ligne droite et il est difficile d’avoir le courage de ne pas lever le pied de l’accélérateur. Pour ma part, j’essaye de tromper ma peur en me donnant le sentiment que je ralentie en levant légèrement le talon mais en gardant la pointe du pied au plancher.

La portion de route de Montalba à Trévillach est d’ailleurs celle où je prend le plus de plaisir. On a l’impression d’être sur un circuit. Tous les virages s’enchaînent à vitesse grand v et les virages à droite se passent à fond sauf un, sur route fermée bien évidemment.  Je ne voudrais surtout pas que cela donne de mauvaises idées à certains en dehors du rallye. Cela procure un grand plaisir de pilotage y compris la traversée de Trévillach que je recommande vivement au public. Le passage entre les maisons donne une sensation de vitesse incroyable. Je conseille également l’arrivée de la spéciale Ansignan-Maury. Les virages qui s’enchaînent les uns dans les autres à un rythme très soutenu, le copilote qui récite ses notes à toute allure, et la descente vertigineuse en font un endroit exceptionnel.

 

Cela fait vingt ans que le rallye du Fenouillèdes existe et vingt ans que vous pilotez. Auriez vous un conseil à donner à un concurrent qui participe à son premier rallye du Fenouillèdes ?
Il faut savoir faire abstraction des spectateurs pour ne pas se laisser emporter par sa fougue et freiner très tôt au célèbre virage du mur de Belesta. Il n’y a rien à gagner et tout à perdre ! Il ne faut pas hésiter à venir demander des conseils aux pilotes plus expérimentés. Quand j’étais jeune je croyais que j’étais capable d’y arriver tout seul et c’est faux. On perd beaucoup de temps.

 

Un message particulier à quelques jours du départ ?
Il faut considérer comme un privilège le fait de pouvoir rouler sur les routes du Fenouillèdes en condition de course, surtout en cette période de répression routière. Je tiens aussi à souligner qu’on a de la chance d’avoir une personne passionnée comme Philippe Hurtebize, créateur de ce super site internet qui donne une très bonne image du rallye du Fenouillèdes.

Propos recueillis par Dorian Hirat